Bénéfices surprenant des omégas 3 en prévention secondaire chez les diabétiques

Publiée sur JIM. fr, cette information du 19 décembre me semble capitale. Je la ferai suivre d’une autre publication qui démontre qu’il n’est pas non plus opportun de supplémenter à l’aveugle les sujets à risques cardiovasculaires ou les diabétiques avec les OMEGA 3, mais qu’il faut respecter les équilibres OMEGA 3/OMEGA 6 et donc décider et suivre les supplémentations avec des bilans d’acides gras, ce que nous préconisons depuis longtemps.

Voici l’étude du 19 décembre 2011;

La supplémentation par oméga 3 en prévention secondaire après un infarctus du myocarde (IDM) ne semblait pas être justifiée jusqu’à présent. En effet les résultats tant attendus de l’essai randomisé en double aveugle Alpha Omega (Kromhout et al., N Engl J Med., 2010 ; 363 : 2015-26) n’étaient pas encourageants. Ils montraient que la prise des principaux oméga 3 (EPA, acide éicosapentaénoïque, DHA, acide docosahexaénoïque et ALA, acide alpha linolénique) à faible dose ne prévenait ni les événements coronariens majeurs ni les arythmies ventriculaires (AV). Une analyse post-hoc a cependant montré que les patients diabétiques sous oméga 3 bénéficiaient d’une réduction  des risques pour ces mêmes événements cardiovasculaires d’environ 50 %.

Au vu de ce constat, une analyse secondaire a donc été entreprise sur un sous-groupe de 1 014 diabétiques avec des antécédents d’IDM, issus de l’étude Alpha Omega, afin d’évaluer leur risque d’AV et d’IDM sous oméga 3.

Les patients  âgés en moyenne de 70 ans ont été randomisés en 4 groupes où ils devaient consommer, pendant 40 mois, 20 g de margarine :

1) sans ajout d’oméga 3 (groupe placebo) ;
2) avec 400 mg d’EPA/DHA ;

3) avec 2 g d’ALA ; 4) avec 400 mg d’EPA/DHA+2 g d’ALA.

L’objectif principal était d’identifier le nombre d’événements de type AV ou IDM fatal dans chaque groupe. Les résultats ont été analysés en intention de traiter (ITT).

Près de 87 % des patients ont adhéré pleinement au protocole. En l’espace de 40 mois, 29 patients ont été victimes d’un AV (2 morts subites, 12 arrêts cardiaques et 15 implantations de défibrillateurs)  et 27 d’un IDM fatal.

Comparé au placebo, les 3 groupes d’interventions avaient un risque d’AV diminué de manière significative. Dans le groupe 4 (400 mg d’EPA/DHA+2g d’ALA) en particulier, le risque était réduit de 84 % pour l’AV (Hazard Ratio HR 0,16 ; Intervalle de confiance à 95 % IC 95 % : 0,04-0,69) et de 72 % pour le risque combiné AV + IDM (HR 0,28 ; IC 95 % : 0,11-0,71)

Selon les auteurs une supplémentation faiblement dosée en oméga 3 (2 à 2,5 g/jours) préviendrait de manière importante le risque d’AV chez les patients diabétiques ayant des antécédents d’IDM.

En pratique, on peut donc conseiller à ces patients à haut risque cardiovasculaire une supplémentation de 2g d’oméga 3 par jour en capsule, ou bien la consommation fréquente de poissons gras (minimum 3 fois par semaine) et de vinaigrettes préparées à base d’huile de Colza !

Dr Rodi Courie

Kromhout D et coll. : n-3 Fatty Acids, Ventricular Arrhythmia-Related Events, and Fatal Myoca

…et celle du 29 juillet 2011 qui insiste bien sur l’importance du respect des apports OMEGA3/OMEGA6:

Améliorer la qualité des graisses alimentaires fait partie des conseils nutritionnels délivrés aux patients diabétiques. Mais quelles graisses recommander précisément ? Il existe un consensus en faveur de la substitution des graisses saturées par des insaturées. Mais au sein des acides gras polyinsaturés, l’apport optimal des oméga 3 et des oméga 6 fait l’objet de débats. Alors que certains experts recommandent de limiter les oméga 6, des publications récentes attribuent aux oméga 3 un effet délétère sur le métabolisme glucidique. Dans ce contexte, un essai randomisé en cross over (deux périodes de 3,5 semaines de suivi d’un régime alimentaire spécifique, n=16 patients diabétiques, HbA1c moyen : 7 ,2 %) a comparé l’effet des oméga 3 à longue chaîne (apporté sous forme de poisson gras) à celui d’oméga 6, en particulier de l’acide linoléique, consommé sous forme de graisses d’ajout (margarine, huile) sur le métabolisme glucidique, les paramètres lipidiques et des marqueurs du stress oxydant. La teneur en calories et en macronutriments (glucides, lipides, protéines) était similaire au cours des deux régimes.

Concernant l’équilibre glycémique, la glycémie à jeun, l’aire sous la courbe des glycémies et l’insulinémie ont davantage diminué dans le « groupe oméga 6 » que dans le « groupe oméga 3 ». Toutefois il n’a pas été mis en évidence de différence entre les deux groupes en ce qui concerne l’évolution du niveau d’insulinosensibilité (évalué avec un clamp euglycémique hyperinsulinique) et de l’HbA1c. Sur le plan lipidique, la triglycéridémie a diminué dans les deux groupes, mais de manière plus importante avec les oméga 3, alors qu’il n’y avait pas de différence entre les deux groupes concernant l’évolution du LDL cholestérol. Enfin, l’effet des deux régimes sur les paramètres évaluant le stress oxydant n’était pas différent.

Au total, cette étude montre qu’il n’est pas justifié de promouvoir de manière excessive la consommation d’oméga 3 et de limiter les apports en oméga 6 chez le diabétique pour compenser la réduction des graisses saturées qui reste une mesure diététique prioritaire. Les auteurs de cette étude recommandent de favoriser tout autant la consommation des deux familles d’acides gras polyinsaturés (oméga 6 et oméga 3) qui ont chacune leur part à jouer dans l’amélioration du métabolisme glucido-lipidique.

Dr Boris Hansel

Karlström BE et coll. : Fatty fish in the diet of patients with type 2 diabetes: comparison of the metabolic effects of foods rich in n-3 and n-6 fatty acids. Am J Clin Nutr. 2011; 94 : 26-33.

A lire, pour mieux comprendre: OMEGA 3, Mieux vivre et préserver sa santé, Dr Dominique Rueff, préface du Docteur Davids Servan Schreiber

Il est à noter également que diminuer la consommation de viande rouge diminue également les risque de diabère