Trois tasses de café par jour pour vivre plus longtemps

Deux grandes études observationnelles montrent une baisse de la mortalité de plus de 12 % chez les personnes buvant au moins une tasse de café par jour ( Jonathan Herchkovitch)

Publié le 11 juillet 2017 sur le site Pourquoi Docteur

Cette fois, les chercheurs ont vu grand. De nombreuses études ont déjà montré des avantages spécifiques de la consommation régulière de café sur plusieurs pathologies, par exemple sur la prévention des cancers colorectaux. Cette fois, des experts Européens et Américains n’ont pas trié les grains : ils ont étudié son effet sur la mortalité générale de grandes cohortes réunissant ensemble plus de 700 000 personnes.

Et leurs résultats, publiés dans deux articles de la revue Annals of internal medicine, vont ravir les amateurs. La première, menée par des chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et de l’Imperial college de Londres (Royaume-Uni) a réuni les données de 520 000 personnes de 10 pays européens sur plus de 16 ans.

Trois tasses par jour

Sur l’ensemble de la cohorte et du temps de suivi, plus de 40 000 personnes sont décédées. En étudiant la consommation de café, les chercheurs ont observé que le nombre de décès chez les hommes buvant au moins trois tasses par jour était inférieur de 18 %, par rapport aux abstinents. C’est moins pour les femmes, avec un gain de seulement 8 %.

Le gain est le plus clair au niveau de la mortalité due aux cancers digestifs. Chez les femmes, il est substantiel, avec une baisse de 40 %, alors qu’elle est plus que divisée par deux chez les hommes (-65 %). Pour les maladies du foie, c’est encore plus spectaculaire : la mortalité est divisée par 5 (- 80 %) !

Les chercheurs ont aussi observé une baisse pour les maladies cardiovasculaires, notamment chez les femmes,. Idem pour les suicides.

Le déca aussi

La deuxième étude, réalisée aux États-Unis sur 185 000 personnes de 45 à 75 ans, confirme ces résultats. La mortalité des personnes buvant au moins une tasse de café par jour est inférieure de 12 %, et même de 18 % à partir de trois tasses. Maladies cardio-vasculaires, respiratoires, rénales, cancers et diabète font partie des pathologies qui perdent du terrain chez les accros.

Et, bonne nouvelle pour les plus nerveux : dans les deux études, les résultats sont aussi valables pour le café décaféiné.

LIENS SUR LE MÊME THÈME
  • Café : se limiter à 4 tasses pour éviter les méfaits
  • Démence : la caféine a des effets protecteurs sur le cerveau
  • Café : notre consommation dépend de nos gènes

Quelques limites

Seul bémol : sur le cancer des ovaires, le café ne semble pas faire de bien. La mortalité par cette maladie est supérieure de 30 % chez les femmes qui consomment le plus de café. Un chiffre potentiellement biaisé par le peu de personnes concernées dans l’étude, ce qui a pu fausser les statistiques.

D’autre part, les deux études sont observationnelles, c’est-à-dire qu’elles permettent seulement d’associer une baisse ou une hausse de la mortalité avec la consommation de café. Elle n’établit pas de lien de causalité entre les deux, même si les chercheurs ont pris soin d’éliminer les éventuels autres facteurs de risque, comme le tabagisme par exemple.

« Nous ne pouvons pas dire que le café va prolonger votre vie, mais on voit une association, explique Veronica Setiawan, spécialiste en médecine préventive à l’école de médecine de l’Université de Californie du Sud (USC, États-Unis). Si vous aimez boire du café, n’hésitez pas, allez-y ! Pour les autres, il faudra peut-être envisager de s’y mettre. »

Attention au sommeil

Quelques craintes de risques d’ulcères ou d’autres pathologies subsistent chez de nombreuses personnes. À tort, estime la chercheuse. « Les recherches sur le café n’ont pas montré d’atteinte particulière », ajoute-t-elle. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a aussi longtemps classé le café comme cancérogène pour la vessie. Mais cette mention, contredite par les études, a été retirée, et l’OMS a même confirmé un effet positif sur le risque de maladies du foie et le cancer de l’utérus.

Les recommandations officielles de l’Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) limitent la consommation à 400 mg chez les adultes. Une quantité qui semble raisonnable, et qui réduit notamment les problèmes liés au système nerveux central, en particulier sur l’anxiété et le sommeil. Pour ceux qui souhaitent vivre plus longtemps en dormant bien, cela correspond à 4 tasses par jour.